[alabier]
variante(s): alaber, alever
n. m.
a. 'partie saillante de la selle médiévale'
L: GirRoussH 3951 (alever)
b. 'aube, palette [d'un moulin à eau]'
L: CroisAlbMa 198,21 (‑ers) = Lv 1:46b («Achse (eines Rades)»)
Dér. en ‑ier < -ᴀʀɪᴜᴍ à partir d'une base alab‑ qui réapparaît p. ex. dans a. fr. alve, auve, aube 'partie d'une selle ou d'un bât' et 'aube, palette [d'un moulin]' (FEW 24:290a; AND2 242b). Sans que l'origine de cette base soit établie de façon certaine, on admet généralement un étymon lat. ᴀ́ʟᴀᴘᴀ 'gifle' (forme à laquelle le LEI joint une variante phonétique *ᴀ́ʟɪᴘᴀ). Cet étymon aurait eu, selon Schuchardt, le sens premier de 'main ouverte', sens qui rendrait compte et de l'acception du mot lat. et des résultats sémantiques romans; cf. pour la discussion étymologique FEW 24:290, LEI 1:1442–43 et DEM 2:723 (s. v. alabe).
Dans l'acception a., a. correspond à lat. méd. alabaria pl. 'pièces faisant partie d'une selle' (cf. Bautier; Pfister); cf. aussi log. alabares n. m. pl. 'planchettes latérales du bât' (Pfister). Vu le sémantisme du simple a. fr. alve, etc. (pour lequel Gdf 1:244b–c donne la définition «les deux éminences de la selle, l'une devant, l'autre derrière; les deux bandes de fer ou de bois attachées à l'arçon de devant et à celui de derrière»), il y a lieu de supposer que a. occ. a.s désigne les deux extrémités saillantes (en forme de planchettes) de la selle médiévale, dont la ressemblance avec les aubes d'une roue de moulin fournit un lien plausible entre les acceptions a. et b.
La signification 'arbre de la roue d'un moulin' que les éds. CroisAlbM et CroisAlbMa adoptent pour l'attestation sous b. et qu'on retrouve dans Lv et dans le FEW, remonte à Chabaneau, qui la tire du glossaire de Rochegude. Une telle interprétation – qui s'opposerait à un rattachement étymologique à lat. ᴀʟᴀᴘᴀ – n'est pourtant aucunement appuyée par le contexte donné.
FEW 24:290a [ᴀʟᴀ̆ᴘᴀ]. – CroisAlbM,Chabaneau 205; Bautier 11; Pfister6 241.